Docteure en anthropologie, je travaille sur les reconstructions et réinstallations post-catastrophes à Java Centre en Indonésie. A travers l’analyse des changements sociaux et des enjeux que soulève la mise en place en 2010 d’une politique de réinstallation des populations habitant dans des zones dites « de catastrophes naturelles » sur le volcan Merapi, j’interroge le façonnement des rapports entre société et territoire au sein d’un environnement soumis aux aléas et aux risques volcaniques. Dans ma thèse de doctorat, j’ai pu mettre en évidence la manière dont la récurrence des aléas dit « naturels » participe à l’existence de modes de socialisation et de territorialité spécifiques. La continuité de ces modes analysée à travers le processus de changement social engendré par la récente réinstallation des habitants du volcan montre que l’incertitude inhérente au volcanisme de la région est socialement structurante. C’est en ce sens que j’ai développé l’idée d’une construction « volcanique » du social, idée que l’on peut extrapoler et élargir à l’étude de la manière dont nos rapports à l’environnement constituent à la fois une composante et un cadre du social.

Dans le cadre de l’axe de recherche Transmission, savoirs, savoir-faire et valeurs sociales, j’aspire à réfléchir sur deux points distincts mais complémentaires en lien avec cette problématique. Premièrement, il s’agira de penser la dimension productive des catastrophes en tant que processus de reconnaissance et de légitimation sociale des risques dits « naturels ».  Ces moments et ces processus font partie des espaces sociaux de négociation, de remise en cause et de déconstruction/reconstruction des valeurs ultimes d’une société autour de l’appréhension de l’incertitude. Deuxièmement et corrélativement, ils constituent la fabrique et la rencontre de différentes ontologies du monde et de la nature volcanique ainsi que les savoirs écologiques qui leur sont liés. Il s’agira de comprendre comment ces savoirs et savoir-faire se transmettent, se transforment et parfois sont oubliés par leur mise en débat au sein de ces espaces spécifiques de négociation.

Page personnelle sur le site de l’IrAsia